Comme j’étais encore ce matin vers onze heures et demie au chauffoir de la Comédie, pour régler la pièce qui seroitserait jouée au profit des pauvres le 1er dimanche de Carême, M. de Surirey, cap.ecapitaine aux grenadiers de France qui sollicitoitsollicitait pour une représentation à donner demain abonnemensabonnement suspendu au profit de M.lleMademoiselle Fossonnier, 1.re danseuse, est venu pendant la répétition du ballet, prendre le s.sieur Frederic, maître de ballet, au collet, lui a donné des soufflets et l’aurait maltraité davantage si on ne l’eût empêché. Il avoitavait des grenadiers prêts pour l’enlever et le mener en prison. La femme de Frederic s’est évanouie, tout étoitétait en rumeur. On n’a pas mené Frederic en prison, mais tous les sujets de la Comédie vouloientvoulaient quitter sur le champ. Je les ai calmés et leur ai dit en présence de plusieurs officiers d’aller faire leurs plaintes à M. de Montesquiou. Les srssieurs Fleury et Renaut y sont allés et ne l’aiantayant pas trouvé ils ont parlé à M. de Pille, colonel au corps qui a ordonné les arrêts à M. de Surirey. M. de Surirey les a si peu gardés qu’il a paru un moment à la Comédie. Comme
Comme j’avais deffendudéfendu de représenter aujourd’hui, on a donné grande redoute au profit de M.llesMesdemoiselles Fossonnier et Renaud. Elle a été peu nombreuse et il n’y avoitavait presque point de femmes, preuve de l’indignation publique.
J’ai engagé d’Oisemont à rester à la Comédie. On l’a annoncé aujourd’hui et cela a paru faire plaisir au public. M. de Surirey est aux arrêts par les ordres de M. de Montesquiou.
M. l’Intendant a passé à huit heures et demie du soir. Je lui ai parlé à la poste. Il est allé coucher à Lunéville.
Aujourd’hui mercredi des Cendres. On remplit une glacière à la citadelle, et celle de la vénerie. Il n’y avoitavait de glace un peu épaisse que sur l’étang St JeanSaint Jean, et on n’a pu se servir que des tombereaux et des manœuvres de la ville en payant. Des communautés ont été commandées pour la glacière de la Malgrange.
Un garçon perruquier a été mis en prison pour avoir voulu prendre des cendres aux jacobins en bottes avec son fouet de masque. J’ai fait cesser l’enterrement indécent de mardi gras et fait mettre en prison deux garçons bouchers.
Mad.Madame de Blancmenil, supérieure de S.te MarieSainte-Marie de Paris, et une autre religieuse, qui avoientavaient distribué la seconde instruction pastorale de M. l’archevêque de Paris, arrivées le 4 à Nancy, sont actuellement aux Dames de la Visitation.
Mon frère m’écrit de Lunéville le 8 que M. l’Intendant a choisi pour officiers de la capitainerie de Nancy :
Lieutenant MrMonsieur Louis.
assesseur MrMonsieur Froment, offerofficier de la maîtrise.
Procureur du RoyRoi MrMonsieur Dujard, P.rProcureur du RoyRoi de la M.Maîtrise
Greffier Drian, P.rProcureur à la Cour snesouveraine.
On fait des Lettres de reconnaissance de gentillesse pour M. de Montesquiou ; et pour MrsMessieurs de Doridant et de Vigneulles.
Assemblée particulière de l’académie, où étoientétaient MrsMessieurs Thibault, de Sivry, de Tervenus, André, P. Leslie, P. Husson, Harmant et Durival l’aîné. M. Thibault a remis à l’acad.académie un exemplaire que Palissot a envoyé de sa Dunciade, ou Satyre. Le P. Leslie a lu le commencemtcommencement de son histoire de Lorraine, q.lqu'il prend fort haut.
M. l’Intendant a été reçu aujourd’hui à dix heures du matin et a prêté serment à la Cour souveraine, en qualité de capitaine des chasses.
On aprendapprend que Mad.madame de Pompadour est fort mal.
M. l’Intendant vient me voir l’après-midi, nous nous enfermons et il me communique les vues de M. le Duc de Choiseul. Il est dans l’intention de décharger la ville des bois et lumières aux troupes, à condition qu’elle contribuera de 20000 # de France par année aux cazernescasernes jusqu’à ce qu’elles soient bâties. Il veut que l’on fasse un second corps de cazernescasernes pour quatre bataillons en dehors, entre les portes S. JeanSaint-Jean et S. StanislasSaint-Stanislas ; et que tout cela avec l’autre corps de cazernescasernes, soit bâti pour l’année 1765. Il suposesuppose que le RoyRoi de P. continuera à ses frais le quartier près la porte Ste CatherineSainte-Catherine, et que la ville contribuera de 300000 # à l’autre au moyen d’un emprunt. Je fais des objections là-dessus.
Le lendemain, je fais part à M. l’Intendant au moment de son départ pour Lunéville des nouvelles réflexions que j’ai faites sur ce grand projet, et je lui demande de les mettre par écrit dans un mémoire qui tendra à faire voir à M. le Duc de Choiseul, qu’en commençant à la fois pour plus d’un million de bâtimensbâtiments nous courrions risque de ne les pouvoir achever et d’être abandonnés du RoyRoi de Pologne. Que d’ailleurs les intentions de M. de Choiseul de loger dans Nancy 8 bataillons seroientseraient remplies et au-delà, etc.
Éclipse de lune à minuit, 8 doigts 1/2et demi. Le ciel étoitétait net alors et elle a été bien vûevue.
AVIS
sur l’Éclipe annullaireannulaire du Soleil, du dimanche premier avril 1764.
Les curés, tant des villes que de la campagne, sont invités à commencer plus tôt qu’à l’ordinaire l’office du quatrième dimanche du carême, à cause de l’Éclipse totale du Soleil, qui sur les dix heures du matin ramènera les ténèbres de la nuit. Ils sont invités en même temstemps d’avertir le peuple que les Éclip ses n’ont sur nous aucune influence ni morale ni phi sique phys sique ; qu’elles ne présagent & ne produisent ni sté rilité, ni contagion, ni guerre, ni accident funeste, & que ce sont des suites nécessaires du mouvement des corps célestes aussi naturelles que le lever & le coucher du Soleil ou de la Lune.
Imprimé à Nancy chez Thomas. J’en ai répandu beaucoup d’exemplaires. Et j’en ai donné à l’Intendance pour en envoyer dans la Province.
J’envoyeenvoie un mémoire détaillé à M. l’Intendant pour démontrer l’impossibilité et l’inutilité de construire un second corps de cazernescasernes.
L’abbé Massard arrive de Bruxelles avec la fefemme de Darcis comédien, qui est arrêté à la comédie de Nancy pour l’année prochaine.
La Cour vient à la Malgrange. Le Roy de Pol.Roi de Pologne arrive à cinq heures après-midi et descend à Bonsecours. Dès Lunéville, il s’était décidé à ajouter encore aux 30000 # de FceFrance qu’il avoitavait donnés pour les cazernescasernes. Il y a eu Conseil.
Je vais avec M. l’Intendant et M. Mique sur l’emplacement choisi pour les cazernescasernes. Il est question d’un nouvel arrangement sur les magasins d’abondance, que leur régie actuelle fait diminuer, suivtsuivant MM. l’Intendant, au point qu’on pourroitpourrait dire dès à présent quand il n’y en aura plus rien. Conseil l’après-midi.
On plante les piquets sur le terrain des cazernescasernes, qui se trouve meilleur qu’on ne l’avait cru. Conseils le matin et l’après-midi. 2.deSeconde représentation de Warwick demandée par les dames de la Cour ; avec les chasseurs et la laitière.
Conseil le matin. Le RoyRoi et la Cour repartent pour Lunéville à une heure et demie après -midi. M. l’Intendant pour Neuviller où il restera tout l’été. M. Alliot arrive l’après- midi de Versailles, voyage qui a donné lieu à bien des conjectures. Les nouvelles sur Mad.madame de Pompadour sont bonnes.
Délibération de l’hôtel de ville envoyée à M. l’Intendant, de contribuer de 20000 # de FceFrance par année à la construction du grand corps de cazernescasernes, jusqu’à ce qlqu'il soit bâti ; pour être déchargés des bois et lumières aux troupes.
Assemblée particulière de l’académie où étoientétaient MrsMessieurs Thibaut, de Sivry, de Solignac, André, Harmant, Cupers, Sozzi, PP. de Menoux, Leslie, Husson, Durival l’aîné.
Avant que j’entrasse, l’académie avoitavait pris la résolution de ne point remercier M. Palissot de l’exemplaire de sa Dunciade, où tant d’honnêtes gens et de gens d’esprit sont maltraités. M. de Solignac a lu l’Éloge de feu M. Pallas, académicien mort à Toul.
J’ai remis à l’académie le quatrième vol.volume de M. Dupuy d’Emportes qui renferme les t.tomes 7 et 8 du gentilhomme cultivateur.
Sur la plainte du s.sieur Bernaut, Directeur de la Comédie de Rouen, et sur une lettre de M. le maréchal de Luxembourg du 27 à moi envoyée par M. l’Intendant, je fais arrêter la dlledemoiselle Décour, dite Chateauneuf, jeune actrice de 16 ans qui avoitavait un engagement de 1200 # pour la troupe de Rouen, à qui le Comte Durazzo en avoitavait fait un de 3000 # par an pour Vienne. Elle avoitavait un passeport de M. de Staremberg, où elle avoitavait pris le nom Damour.
Cette affaire a été arrangée le 1er avril, au moyen de ce que M. Du Rouvrois, comme commissaire de l’Empereur, a donné ordre au s.sieur François, trésorier de S. M.Sa Majesté Imp.Impériale à Nancy, de payer 1000 # de FceFrance à retenir à Vienne à la dlledemoiselle Décour, Au moyen de quoi elle est partie pour rejoindre le carrosse sur la route de Strasbourg. Bernaut n’avait à prétendre que 500 # de dédit et 450 # d’avances.